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A ma Mamy

" Maman, Mamy, Grand Mamy......"

C’est avec la grande inspiration que tu as su nous insuffler depuis que nous faisons partie de ta vie que j’écris aujourd’hui.Toi ma petite Mamy Bertine, Albertine, en voilà un prénom que tu n’as jamais souhaité avoir, tu le trouvais trop lourd à porter, alors, parfois, lorsque des personnes te demandaient comment tu te prénommais, tu préférais dire "Simone". Il est vrai que Simone t’allait comme un gant, ne dis t’on pas "en voiture Simone" ! …et Jusqu’à 87 ans tu as fait de l’auto-stop au feu rouge pour te rendre à la Grand place ou au super marché, au grand damne de tes enfants qui te trouvaient inconsciente du danger ! Tout comme la fois où à plus de 80 ans, tu as escaladé la fenêtre de la baraque où tu étais enfermée pour te retrouver dans la cour !

Pour moi, petite fille, des souvenirs envahissent mon esprit et resteront gravés dans mon coeur...Ce qu’il me reste comme étant la madeleine de Proust, c’est cette fraicheur de tes mains que j’aimais ressentir sur les miennes, encore aujourd’hui, j’aime cette sensation lorsque j’effleure les mains des enfants.

Et comment oublier tous ces bons moments dans ton appartement
du "Galon d’eau"

où nous passions les mercredi après midi à jouer

aux « Playmobiles travaux »

avec tes haricots secs ! Et cet oeil à ta porte, qui représentait pour moi un acte de magie, pouvoir regarder ceux qui se trouvaient dans le couloir sans être vu ! Et ces vacances que nous n’aurions jamais pu avoir, sans ton soutien, ton bonheur était que tes petits enfants puissent profiter du bon air de la montagne pour être en bonne santé.

Tout ce que nos parents ne pouvaient nous offrir, toi tu nous le donnais de bon coeur.

Comment oublier ta bonne chair lors des repas de famille, toi qui avais des problèmes de digestion....toi qui disait être une "gourmet gourmande", tu nous épatais à voir tout ce que tu pouvais manger avec appétit, un appétit de vivre, une vraie épicurienne. Et ces lendemains de repas où avec une innocence juvénile tu nous disais que tu ne savais pas pourquoi tu n’avais pas très bien digéré !

Et cette soupe , cette soupe aux poireaux, la seule soupe que nous aimions boire car pour nous c’était la meilleure du monde!
Cette soupe fameuse, a marqué tous les esprits même ceux de tes arrières petits enfants qui passaient souvent le samedi pour la déguster. Ils finissaient même par t’appeler "Mamy bonne soupe"!
Et les chicons, ton régal ! 3 fois par semaine c’était ton ordinaire !

Je me souviens aussi de ta joie de vivre lorsque nous avions l’occasion de se rendre avec toi au théatre de Tourcoing, je te voyais chanter avec le plus grand des sourires tous les airs d’opérettes. J’appréciais voir en toi cette âme lyrique que tu tentais de nous faire aimer.

Tout comme tu cherchais à combler mon ennui les mercredis où je tournais en rond dans la maison ne sachant comment occuper mon temps : "Allez je vais t’apprendre à tricoter!". Mais rien à faire ce n’était pas cela que je voulais que tu m’apprennes ! Ce qui m’intéressais c’était de pouvoir écouter et réécouter tes histoires vécues pendant la Guerre, regarder tes photos et tes lettres datant de cette époque. Tu avais survécu à un obus tombé sur ton lit ! je voyais en toi une héroïne de film.

Mamy, tu avais ce don de soi, donner sans rien attendre en retour, juste un sourire te ravissait. Je garde en mon moi le plus profond, ce don du don, il fait partie de ma vie dans ce que je suis en tant que femme, maman, fille, soeur, marraine et en tant qu’éducatrice.

Que dire de plus Mamy.....écrire sur toi nous a permis de remémorer tout ce que notre enfance nous a laissé de meilleur, une trace indélébile que nous porterons en nous à jamais et que nous transmettrons à tes arrières petits enfants.
Tu es partie en paix avec toi même. J’ai juste un message personnel, Mamy, partage cette paix avec mon papa là haut..

Merci à toi....