Survivre pour vivre....
Mes enfants font partis de mon équilibre, ils m’aident à penser mon moi enfant pour être cohérent envers leurs actions, je ne suis que de passage dans leur vie, ils mèneront la leur plus tard sans moi, ils ne m’appartiennent pas, je reste juste un outil pour donner les bases. Cela peut paraître étrange, mais mes enfants, je ne les ai désiré que pour leur père et non que pour moi ou pour mon couple, c’est assez difficile à expliquer, mais j’ai fait un cadeau à l’homme que je pensais aimer et j’ai failli y laisser ma propre vie ainsi que la leur. J’ai accouché à 6 mois de grossesse, le temps de vie extra utérine n’était pas venu pour eux, mais mon corps les rejetait comme s’il savait que je ne le désirais pas maintenant. Un sentiment de culpabilité m’a envahi quelques jours après mon accouchement. Je n’ai pas eu la chance de les voir naître,comme si on me punissait de ne pas avoir su les garder plus longtemps. Je suis restée 5 jours en réanimation en attendant que les plaquettes de mon sang retrouvent une moyenne normale, j’avais attrapé un syndrome dû à la grossesse gémellaire, mon foie stockait toutes les plaquettes de mon sang et pouvait à tout moment les relâcher vers le cerveau et là s’en était fini pour nous.....
On nous laissa donc une 2ème chance de vivre, on me laissa une chance de me reconnaitre en tant que mère qui n’avait pas voulu ses enfants. C’est alors, que j’ai réalisé combien je me devais d’être une mère aimante et assurer mon rôle. Je n’ai pu voir mes enfants que 2 jours après la délivrance, je circulais encore en lit car trop faible,mais assez forte pour faire la connaissance de mes enfants. Avant d’aller auprès d’eux, il existe tout un protocole pour appréhender cette rencontre, une psychologue est venue pour m’assurer de l’évolution de leur santé et de ce que j’allais voir autour d’eux....des tas de machines pour subvenir à leurs besoins vitaux, et une couveuse en guise de ventre maternel.
Pour aller du service de réanimation à celui des prématurés de la maternité, il y a une long couloir où j’ai eu le temps de réfléchir à la façon dont j’allais les reconnaître. A défaut de ne pas les avoir vu naître, je devais maintenant les re-connaître. Et là une foule de sentiments m’a envahi, de la peur, de la joie, de la culpabilité tout cela mélangés créait en moi une idée étrange : comment allais-je les reconnaître ? On allait me présentait à eux comme on présente des personnes qui ne se sont jamais vus.......une tierce personne qui m’était inconnue jusqu’à quelques jours connaissait déjà mes propres enfants et pas moi......je ne pouvais que croire en sa bonne foi et me dire "oui" ce sont mes enfants.
Je suis arrivée dans le service de réanimation des prématurés comme si je venais dans un autre monde, où tout une équipe faisait en sorte de maintenir des bébés en vie. Devant la porte grande ouverte, une chambre médicalisée remplie de couveuses et là le médecin qui en montrant du doigt me désignent le prénom de mes enfants...
A cet instant, en m’approchant tant bien que mal de ces couveuses, j’ai eu le sentiment instinctif et maternel de re-sentir que c’étaient bien les miens....ce fut une évidence...et là ce fut le début de mon "moi" maman, une très longue histoire d’amour commença, un amour qu’il me fallait partager entre 2 petits bonshommes de 1kg....