Le deuil
La vie est emprunte de deuils. A tout âge, à tout moment, il nous est demandé de faire le deuil. Le deuil, dans la petite enfance, de la dépendance envers notre mère, de la toute puissance infantile, d’un amour impossible, incestueux envers son père ou sa mère.
Le deuil de ne pas, parfois, être "tombé" dans la bonne famille, de ne pas y être à sa place, de la chercher et parfois, souvent de ne pas la trouver. Le deuil d’un parent absent ou étouffant, le deuil d’un amour parental. Le deuil de notre "doudou" attitré qui marque le début de notre indépendance affective.
Adolescent, nous faisons le deuil de notre corps d’enfant, pour accueillir celui de l’adulte à venir. Nous faisons le deuil des années enfantines que nous ne pourrons jamais rattraper, du temps à jamais écoulé. Sommes-nous préparés à accorder le fait que plus jamais nous ne revivrons ce que nous avons vécu dans le passé, à accepter cette part d’éphémère, comme inévitable, irrécupérable.
Admettrons-nous un jour cette irréversibilité ?
Sommes-nous parés, à ce moment là à être un homme, une femme prêts à accepter tous les deuils qui marqueront notre vie ?
Serons-nous toujours prêts à accepter ? Serons-nous préparés au deuil de la femme ou de l’homme, du père ou de la mère tant rêvés ?
Accueillerons-nous réellement telle que nous serons ? Accomoderons-nous de ce que l’autre sera ? De ce qu’il nous apportera ? Accorderons- nous lui le droit de ne pas être celui qu’on attendait ? Donnerons-nous l’autorisation d’être sincèrement ce que nous sommes ?
Arriverons-nous à faire le deuil de tout ce que nous ne serons jamais?De tout ce que nous ne pourrons donner, de tout ce que nous ne pourrons partager ? Saurons-nous faire le deuil de ce que l’autre ne sera ou ne fera jamais ? De ce que l’autre ne donnera ou ne partagera jamais ?
Ferons-nous un jour le deuil d’un idéal qui n’existe pas ? Saurons-nous nous contenter de ce que la vie nous accordera ?