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Ecrire....

Ecrire, voilà ce que je dois et ce que je me dois de faire pour exister. Exister, avoir le sentiment, la certitude d’être quelqu’un d’exceptionnel, d’unique et non pas lui, ou elle ou l’autre. Exister au travers de mes écrits, laisser une trace de mon passage, laisser une trace de mon être, de mon moi pour ne pas être oublié...être connue, reconnue au plus profond de moi telle que je suis.

Il n’y a qu’une seule façon pour moi de savoir qui je suis et c’est d’écrire, ainsi je découvrirais qui je suis vraiment pour enfin m’accueillir comme telle. Un être de chair, de sang, de sentiments, d’émotions, de sensations pas toujours contrôlés ni gérés. Un être de pensée, de raison, de coeur tout à la fois, alors comment organiser tout cela ? Comment ordonner, contrôler, s’appuyer sur mon propre moi ? L’écriture peut m’aider en soi de par ses vertus thérapeutiques qu’elle me procurent....un moyen de penser en moi, de penser à moi.

Ecrire pour tenter de comprendre ce qui m’arrive, pour oser interpréter l’indicible, ce que je n’arrive à voir, ce que je n’ose percevoir. Eclaircir le sombre, se focaliser sur le flou, faire cette mise au point sur l’insondable, l’indissociable de mon moi et de mon surmoi. Cet inconscient qui me trahit, qui me joue des tours et qui me renvoie à mon être le plus profond. J’ai fait un rêve dernièrement, un lundi matin après avoir passé une nuit à tenter d’exister auprès de l’autre, j’ai vu cette femme agenouillée par terre, de couleur noire, le dos nu. Elle me suppliait de soigner ses blessures qu’elle avait sur le dos. Un nombre incalculable de coupures qui devaient la faire souffrir à un point où rien ne pouvait la soulager....elle ne pouvait le faire seule alors elle me l’a quémandé comme une infirme qui supplie qu’on le relève et qu’on le fasse marcher. Je me vois encore, avec une sorte de compresse, tamponner avec le plus grand soin toutes ces coupures. Un soupir à chaque passage de la compresse me faisait comprendre que quelque part je la soulageais....
Ce rêve s’est terminé ainsi, en entendant les soupirs de soulagement de cette pauvre femme. Quel rôle avais-je pu avoir dans ce rêve ? Un rôle de soignant ou de soi-niant plus exactement. Un rôle de soignant qui m’a toujours été donné, au travers de mon métier, au travers de mon ancienne vie de couple. Oui, je me devais d’être ce soignant car moi aussi j’avais quelque chose à soigner en moi. Mais ce qui arriva petit à petit et inconsciemment c’est que je suis devenue un soi-niant auprès de l’autre.

Soigner l’autre que l’on pense aimer, penser pouvoir le sauver d’un mal être qu’on fait sien et se perdre en jouant les sauveurs alors qu’on aimerait être sauvé soi même. Ce rêve m’a révélé une chose sur moi, ce que cette femme noire, c’était juste moi, moi qui attendait qu’on vienne panser mes blessures et moi même qui les soigner. Car c’est bien cela qu’il me fallait faire, penser mes blessures pour panser mes fêlures et ainsi mettre en mots tous mes maux.