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Ecouter, s’écouter, entendre, s’entendre

Dès notre conception dans le ventre maternel, nous entendons des voix, le plus souvent, celle de notre mère. Cette voix que nous reconnaitrons en toutes, celle qui par la suite, nous apaisera, nous grondera, nous punira. Celle par qui nous allons apprendre à écouter. A prendre conscience de ce qui est raisonnable ou non. De par le ton employé, nous allons faire l’expérience des différentes émotions de l’humain, positif ou négatif. Nous ferons l’apprentissage de nos propres besoins, de ceux des autres, et ainsi tenter de trouver un terrain d’entente entre tous ces besoins partagés ou non, entre tous ces désirs exprimés ou non.
De par l’écoute, nous allons apprendre à nous exprimer. Tout d’abord exprimer nos besoins physiologiques (se nourrir, boire, dormir, respirer…). A notre naissance et ce pendant quelques années, seule notre mère, nos parents sont à mêmes d’y répondre. Nous entrons alors dans la dépendance. Dépendance maternelle qui nous donne ce sentiment de bien être total. Tous nos besoins sont assouvis rien qu’en criant, pleurant.
Peu à peu, on vous demande d’être autonome, de savoir faire seul, de vous détacher ainsi de cette dépendance. On vous demande de boire votre biberon seul, d’aller sur le pot, alors qu’on vous a appris à dépendre totalement de l’adulte. L’adulte, qui jusqu’à présent était à l’écoute de vos moindres besoins, attentif à ce que vous ne manquiez de rien. Et là, on exige de vous que vous appreniez à écouter vos propres besoins afin d’y répondre par vous-mêmes.
Passage obligé dans la vie d’un humain, vous voilà pour la première fois confronté à vous-mêmes. Ainsi commence l’initiation à soi. Se former à reconnaitre ses besoins, à les différencier de ses désirs. Un apprentissage qui durera des années et parfois même toute une vie.
Toute une vie à prendre conscience du raisonnable, du réalisable, de l’irrationnel, de l’impossible. Les adultes qui nous entourent seront les modèles que nous allons suivre dans cet apprentissage. Nous allons les observer, les écouter et interpréter puis mettre en œuvre. Tout dépendra de cette interprétation, de ce que nous adultes avons bien voulu laisser entendre, avons plus ou moins essayé de laisser percevoir. C’est de par cela que nous allons développer d’autres besoins, dont celui de se sentir en sécurité. Sait-on suffisamment nous écouter, nous entendre pour nous réconforter ? Va-t-on sincèrement comprendre ? Qui sera en capacité de nous entendre et ainsi de mettre des mots sur ce que nous ressentons ?

Mettre des mots sur des émotions, voilà ce que nos parents tentent de nous enseigner. Encore faut-il savoir les connaitre et les reconnaitre ! Lorsque je tombe, va-ton entendre que je me suis fait mal ? « Lève-toi tu es un grand, tu n’as pas mal ! ». Verra-ton, que moi petit garçon de 4 ans pleurant le départ de ma mère, que j’ai peur qu’elle m’abandonne ou me dira-t-on : « Tu es un garçon, les grands garçons ça ne pleurent pas ! ». Comprendra-t-on que j’ai besoin qu’on me donne des limites quand je fais la moindre bêtise ou se dira-t-on : « Mais qu’est ce qu’il est méchant cet enfant !  » ?
Il existe tant d’exemples de mauvaises interprétations que nous faisons de nos propres enfants, de ce qu’ils peuvent ressentir. Accepter d’apprendre par eux, avec eux, c’est s’éveiller à grandir chaque jour vers un meilleur de nous-mêmes.
Quand allons-nous apprendre à écouter sur ce que vraiment chacun a à nous dire ? Nous pensons être à l’écoute, nous pensons comprendre ce que l’autre vit, ressens, alors qu’en fin de compte, on ne fait que parler sur l’autre, que parler de nous. De ce qui fait écho en nous, de ce que nous-mêmes nous avons ressentis quand une même expérience nous est arrivée. Alors que le ressenti n’est jamais le même selon les personnes, car nous n’avons pas tous été « élevé » de la même manière, selon ce que nous avons pu interpréter de nos parents. Si on vous appris à être fort quelque soit ce qui vous arrive, qu’on vous a toujours dit que demander de l’aide c’est avouer une faiblesse, vous agirez en niant toute dépendance, en vous montrant invincible, alors qu’au fond de vous-mêmes, vous avez peur de ne pas être à la hauteur, de décevoir. De ce fait, un sentiment de solitude s’empare de vous, vous vous repliez sur vous-mêmes croyant que vous arriverez alors que vous n’attendez qu’une chose qu’on vous aide !
Savoir que nous pouvons toujours compter sur quelqu’un est essentiel et ce sans tomber dans l’assistanat, dans la dépendance. Nous avons tous besoin des uns des autres, la solidarité répond à un besoin d’appartenance. Je sais que je saurai toujours me relever de mes difficultés car je me sens épaulé.
Le plus difficile pour ce genre de personne est d’aller à la rencontre de l’autre, de celui qui n’ose pas. Tendez lui la main, dites lui qu’il est en droit de ne pas savoir tout gérer seul, qu’il est en droit de demander de l’aide. Reconnaissez-lui le fait qu’il ne sache pas le faire et il vous écoutera. Entendre que derrière toute demande se cache une peur et la reconnaître. En tenir compte, accompagner la personne en toute connaissance de cause, le guider pour évacuer cette crainte.
Tout au contraire, une personne qui a toujours pris l’habitude qu’on s’occupe d’elle, qu’on l’a rendue dépendante, ne croira jamais en elle, se sous estimera toujours et viendra sans cesse demander de l’aide la confortant dans son assistanat. Alors qu’il suffit d’entendre que cette personne a peur de ne pas s’en sortir seule car on ne lui a jamais donner les moyens. Lui dire qu’elle est en capacité de faire seule, qu’elle peut se faire confiance, et ainsi l’accompagner sans cette acquisition. Faites-lui comprendre qu’elle peut compter sur elle-même, qu’elle peut s’en sortir et ainsi la mener vers sa liberté, vers une meilleure estime de soi, un autre besoin vital pour le bien être.
Sachez-lire entre les lignes, sachez voir, entrapercevoir ce que l’autre tente d’exprimer que ce soit par des attitudes, des silences, des mimiques. Car tout est expression mais tout ne peut se verbaliser. Tout ne peut se dire, car trop lourd à porter, ou refoulé pour s’en protéger.
Avons –nous pris le temps dernièrement de s’inquiéter de ce que pouvez ressentir l’être que nous aimons le plus au monde ? Est-il vraiment heureux ou nous laisse-t-il le croire ?
Depuis quand vous êtes vous pris cinq minutes de votre temps pour vous écouter ? Pour savoir réellement ce que vous ressentez au plus profond de vous ? A reconnaître vos réels besoins ? Savez-vous dire quand, pour la dernière fois, vous avez été fidèle à vous-mêmes ?
Ecoutez-vous, entendez-vous, et ainsi allez à la rencontre de l’autre pour enfin l’écouter avec ce qu’il est, ce qu’il a vécu, ce qu’il a ressenti et reconnaissez-le, reconnaissez ses émotions ! Ainsi, vous le ferez exister !